Organisme National de Coordination des Activités de Vacances (O.N.C.A.V)
   
  Zone 7B de Grand Yoff
  Volet Culturel
 


 

     
    

MANQUE DE DYNAMISME DU VOLET CULTUREL DANS LES NAVETANE : Les acteurs diagnostiquent le mal
Dossier réalisé par Mamanding Nicolas SONKO,
Secretaire Général sortant de la Zone 7B.

      Jadis, au centre des programmes du National populaire, communément appelé Navétane, la culture est, de nos jours, reléguée au second plan par les acteurs dudit mouvement. Les Associations sportives et culturelles (Asc) n'organisent plus ces activités qui, pourtant, sont bien inscrites chaque année, dans leurs programmes pour animer les différents quartiers. Partant de ce constat, les élus du peuples ont profité du vote du budget du ministère de la Culture et du Patrimoine historique classé, le samedi 2 décembre 2006, pour sonner l'alarme. Aujourd'hui, interpellés sur cette situation regrettable, les acteurs du mouvement Navétane diagnostiquent les racines du mal et parlent de la nécessité de réformer les textes qui régissent ce volet pour promouvoir le développement des activités culturelles. 

Pour pallier l'absence d'activités culturelles : L'amende culturelle, érigée en règle

 Les activités culturelles, jusqu'au milieu des années 90, étaient bien prises en compte dans l'ensemble du mouvement Navétane. Chaque Association sportive et culturelle (Asc) participait de façon active dans les programmes culturels, établis par l'Organisation nationale des activités de vacances (Oncav). Et les thèmes développés s'inscrivent aujourd'hui encore dans le cadre de l'information et de la sensibilisation des populations locales sur les différents phénomènes de la vie.

Malheureusement, depuis 1997, les Asc ne participent quasi plus dans les programmes culturels. Elles préfèrent souvent payer l'amende annuelle fixée à 25 mille francs au lieu de présenter une troupe théâtrale. Ce constat est établi par le président de la Zone 7/b de Grand Yoff, Cheikh Basse. Selon lui la dimension culturelle est aujourd'hui ignorée par les responsables des Asc.

‘Dans ma Zone, il n'y a qu'une seule Asc notamment Fc Grand Yoff sur quatorze qui a participé aux activités culturelles de la saison 2005/2006. Toutes les autres ont préféré payer l'amende culturelle de 25 milles francs, pour avoir laissé vide le volet culturel’, regrette Cheikh Basse. Selon lui, cette attitude est érigée en règle dans le mouvement Navétane.

‘Grand Yoff, de part sa spécificité cosmopolite représente un atout culturel où on peut retrouver presque toutes les ethnies du Sénégal. D'ailleurs, les Sérère, leurs compatriotes Diola, Balante, Manjack, Mankagne, Soniké, Lébou, Wolof..., qui développent leurs programmes et font leurs répétitions et leurs manifestations culturelles au Foyer des jeunes de Grand Yoff où se trouve le siège de la Zone. Mais toute cette potentialité est royalement ignorée par les responsables des Asc et de la Zone’, se désole-t-il.

Pour expliquer les raisons liées à ces manquements, Mamady Doumbia, responsable de l'Asc Gan Gui souligne que la gestion financière des activités Navétanes est très difficile. ‘Les Asc peinent à trouver de l'argent pour gérer les équipes de football (cadette et senior). De sorte qu'il est impossible d'ajouter une autre ‘équipe’ théâtrale qui va nécessiter d'autres dépenses’, avoue Mamady Doumbia.

Par contre, le président du comité d'organisation du gala annuel des saisonniers à l'Odcav 1 de Dakar, Alioune Bâ souligne de son côté que les responsables du Navétane ne croient plus aux initiatives culturelles. Et pourtant, celles-ci, note-t-il, peuvent rapporter plus que le volet sportif. ‘Les amendes culturelles, érigées en règle, contribuent à la disparition de la culture dans le mouvement Navétane’, reconnaît-il. Avant d'ajouter que le développement du sport seulement dans ce mouvement favorise et mène à la violence. Ce qui explique, souligne-t-il, la fréquence constatée de la violence dans les stades.

Par ailleurs, Alioune Bâ estime que c'est le ministère de la Culture qui ne joue pas le jeu. En effet, de l'avis du président de l'Orcav de Dakar, Amadou Kane, les services de ce ministère n'ont jamais participer au programme des Navétane. ‘Chaque année, on leur fait parvenir notre programme. Mais, il n'y a jamais eu de retour de courrier de la part du ministère de la Culture. La tutelle ne nous soutient ni matériellement ni financièrement’, se désole notre interlocuteur.

Selon Amadou Kane, les services de ce ministère doivent profiter de l'organisation à la base des Asc pour faire dérouler la politique culturelle de l'Etat. Du côté du ministère, on souligne que le domaine des Navétane est très vaste, complexe et difficile à maîtriser. ‘N'empêche, l'Etat via le ministère de la Culture est en train de réfléchir sur une nouvelle orientation à y apporter pour s'impliquer de façon active dans ces activités’, soutient notre interlocuteur qui préfère se prononcer sous le couvert de l'anonymat. 

Aspect folklorique dominant, rareté de metteurs en scène, de régisseurs, etc : Ces facteurs qui étouffent l'expression culturelle
La culture ne se limite pas seulement au chant et à la danse, comme le préconisent certains. La culture, c'est la vie de l'homme dans son ensemble. Elle embrasse l'ensemble des structures sociales et des manifestations artistiques, religieuses et intellectuelles qui définissent un groupe d'individus, une société par rapport à une autre. Cette analyse aux allures d'une mise au point est servie par l'animateur culturel de formation et ancien président de l'Asc Santhiaba de la Médina, Papa Baba Ndiaye.

En effet, pour répondre à la question relative à l'absence notoire des programmes culturels dans le mouvement Navétane, Baba Ndiaye soutient que la dimension culturelle est tout simplement incomprise chez les acteurs du National populaire. Conseiller culturel dans l'Organisation nationale des activités de vacances (Oncav) Baba Ndiaye constate que la culture est seulement réduite à son aspect folklorique. Selon lui, les activités du mouvement Navétane ne sont pas équilibrées. ‘Seul le volet sportif : notamment le football est mis en exergue au détriment des autres disciplines’, regrette cet ancien président de la Zone 1, de l'Organisation départementale des activités de vacances (Odcav 1) de Dakar, de 1990 à 1995.

Secrétaire général de la Ligue de Football de Dakar, et ancien Sg de l'Odcav 1 de Dakar, Léonard Diagne trouve que c'est la rareté des acteurs culturels (metteurs en scène, régisseurs de plateau,...) dans les Associations sportives et culturelles (Asc) qui explique le premier facteur bloquant. Le second facteur, ajoute Léonard Diagne, ‘est lié aux amendes culturelles de 25 mille francs imposées à toute Asc qui ne présenterait pas de troupe théâtrale’.

En effet, il note qu'il est plus facile et plus simple aux dirigeants d'Asc de payer 25 mille francs par an que de faire participer une troupe théâtrale aux activités du mouvement qui nécessitera un budget beaucoup plus costaud. ‘La troupe théâtrale, c'est comme l'équipe de Football. Il faut administrativement trouver des licences aux acteurs (dix à vingt éléments), leur chercher des vêtements et des matériels de prestations.

Ces détails, seulement, peuvent coûter plusieurs centaines de mille francs, sans compter les compétitions théâtrales, dans lesquelles, on ne peut dépenser moins de cent mille francs par prestation’, explicite l'ancien secrétaire général de l'Odcav 1 de Dakar. Selon lui, les amendes culturelles contribuent à la disparition de la culture dans le mouvement Navétane. Léonard Diagne plaide en faveur de la réforme des textes pour l'implication effective des activités culturelles. ‘Parce qu'il est inadmissible que cette absence se prolonge davantage dans les Navétanes’, clame-t-il.

En outre, fait remarquer Baba Ndiaye, ‘c'est l'absence des activités cultuelles et socio-éducatives qui fait que de plus en plus les groupes de supporters se confondent dans des actes regrettables’, affirme le directeur du complexe culturel, Léopold Sédar Senghor de Pikine. ‘Les activités du programme Navétane doivent êtres équilibrées. Le théâtre, les séances de formation des acteurs dans divers programmes peuvent contribuer, de façon satisfaisante, à l'éveil de la conscience des citoyens et éviter des dysfonctionnements’, soutient Baba Ndiaye.

Aujourd'hui, constate notre interlocuteur, le mouvement Navétane est la seule structure aussi bien organisée qui draine des masses au Sénégal. ‘En relation avec le ministère de la Culture, les responsables du mouvement Navétane doivent confectionner et développer des programmes, organiser des séminaires de formation pour participer de façon active, dans le développement des collectivités locales’, indique l'expert de l'Oncav. 

Cadre d'expression des navétanes : Servir de tremplin aux jeunes talents

De grandes célébrités de la musique sénégalaise auraient fait leurs premiers pas dans les activités culturelles du mouvement Navétane. Il s'agit, soulignent Léonard Diagne et Papa Baba Ndiaye, des musiciens Youssou Ndour, les Frères Guissé, Demba Dia..., des comédiens Pape Demba Ndiaye directeur artistique de la troupe Daraay Kocc .

Selon l'ancien Sg de l'Odcav 1 de Dakar, Léonard Diagne, c'est par le canal de l'Asc Koussoum de la Médina que la star de la musique sénégalaise Youssou Ndour s'est produite dans les années 70 pour une première fois avant qu'il n'ait d'autres contrats annuels avec certaines Asc de renommée à l'époque comme l'Asc Gibraltar.

De même que Demba Dia ‘Rock Mbalax’ et les Frères Guissé sont partis des Asc, respectivement des zones des Parcelles assainies et de Yarakh pour se hisser aux plans national et international du show-biz. Abondant dans le même sens, l'ancien président de la Zone 1 de Dakar, Papa Baba Ndiaye soutient que la majeure partie des comédiens qui composent de nos jours la troupe Daraay Kocc sont issus des troupes des Asc.

Ce que confirme Ibrahima Mbodj ‘Lama’ de la même troupe. ‘Le développement des programmes ou des activités culturelles dans ces associations peuvent servir de tremplin aux jeunes qui aspirent à devenir des artistes’, soutient Baba Ndiaye qui assure la direction du Complexe culturel, Léopold Sédar Senghor de Pikine. ‘A l'époque, on organisait chaque année, la foire des Asc de Dakar. Et cette occasion, toutes ces Asc étaient invitées à mettre en exergue les réalisations qui leur étaient propres’.

L'objectif poursuivi par cette foire des Asc était ‘de permettre aux autorités et à certains partenaires au développement d'avoir une autre lecture du mouvement Navétane’, explique Baba Ndiaye. Hélas, notre interlocuteur regrette le fait que tout cet héritage soit délaissé par les nouveaux dirigeants des Asc. Ces derniers préfèrent souvent payer vingt-cinq mille francs au lieu de participer à une quelconque activité culturelle.

Aujourd'hui présentée comme une des nouvelles chanteuses de la musique sénégalaise, Mbissine Diassé, un pur produit du mouvement Navétane de la Zone 7/b de Grand-Yoff, souhaite que ce volet culturel soit redynamisé. Parce que, soutient-elle, c'est un cadre d'expression qui permettra l'émergence des jeunes talents des quartiers.

Trois questions à...
Amadou KANE, président de l'Orcav de Dakar : ‘Notre rôle majeur, c'est d'organiser les jeunes dans les quartiers’

Wal Fadjri : Avez-vous aujourd'hui encore des programmes culturels élaborés dans vos activités Navétanes ?

Amadou KANE : Bien sûr ! Chaque année, l'Organisation nationale des activités de vacances (Oncav) élabore un programme culturel qu'elle fait parvenir aux différentes Asc, affiliées à son mouvement. L'activité théâtrale est obligatoire dans notre mouvement associatif. Parce que les thèmes qui y sont généralement développés sont souvent d'actualité. Par exemple, le thème de cette année porte sur le phénomène de l'émigration clandestine. En partenariat avec les ministères de la Jeunesse et des Sport, nous avions organisé au mois de juillet dernier un forum qui a regroupé tous les responsables nationaux des activités de Navétanes. Et ce, afin de contribuer de façon active à la lutte contre l'émigration clandestine. Aujourd'hui, j'estime que ce soutien du mouvement Navétane a aidé les gouvernants à freiner l'allure de ce phénomène.

Wal Fadjri : Toutes les Asc affiliées à l'Oncav ont-elles participé au programme culturel ?

Amadou KANE : Non. Il y a juste une minorité qui a participé aux activités culturelles. Toutes les autres ont préféré payer l'amende financière de vingt-cinq mille francs. C'est vraiment regrettable.

Wal Fadjri : Pourquoi les Asc ne s'inscrivent pas dans cette dynamique ?

Amadou KANE : J'avoue que je ne sais pas. Au niveau des instances supérieures, nous envoyons des correspondances pour exiger la participation des troupes théâtrales ou autres regroupements d'ordre culturel. Mais le constat reste le même. Les responsables d'Asc préfèrent toujours payer l'amende que de présenter une troupe théâtrale. Toutefois, j'estime que c'est le ministère de la Culture qui ne joue pas le jeu. Parce qu'il n'intervient pas dans nos activités pour faciliter la tâche aux responsables que nous sommes. Les services du ministère n'ont soutenu aucune structure de l'Oncav. Alors que ce mouvement peut lui servir de tremplin pour véhiculer la politique culturelle de l'Etat. Mais, ce ministère n'a jamais répondu à un seul de nos courriers. Nous n'avons pas de moyens. Ce que nous pouvons faire, c'est d'organiser les jeunes dans les quartiers. Et cela, les services du ministères de la Culture savent qu'on le réussit bien. Mais, ces services ne jouent pas leur rôle.

 
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